Les précautions d’usage sur le rachis cervical

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LES CONTRE-INDICATIONS DE TRAITEMENT DU RACHIS CERVICAL  

Préambule

Avant toutes normalisation sur le rachis cervical, il existe des précautions à prendre en fonction de l’anamnèse, de la pathologie et de l’âge du sujet.

Le praticien doit être particulièrement vigilant devant trois pathologies majeures qui sont des CONTRE-INDICATIONS FORMELLES pour les normalisations en techniques directes :

LA FRACTURE NON DÉPLACÉE DE L’APOPHYSE ODONTOÏDE

Elle survient sur traumatisme important comme le “coup de lapin” dans les accidents de circulation : La tête part d’abord en arrière, puis son propre poids la projette violemment en avant et fracture l’apophyse odontoïde. Dans cet historique, le praticien demandera toujours un cliché radiologique transbuccal.

LES DÉFORMATIONS DES TROUS DE CONJUGAISON

Ces déformations sont dues à l’apparition d’arthrose modifiant l’image des trous de conjugaison.
Que ceux-ci soient en forme de trou de serrure (arthrose moyennement évoluée).
Que leur lumière n’existe plus (arthrose très évoluée), ils indiquent toujours une contre-indication aux normalisations.
Il est prudent de demander aux patients de plus de 40 ans des clichés radiologiques de trois quarts du rachis cervical.

LA CALCIFICATION DE L’ARTÈRE VERTÉBRALE

Souvent discrète cette calcification se lit très bien sur des clichés de face et se manifeste par une ou deux traînées plus ou moins blanches de chaque côté des corps vertébraux.
Pour cette pathologie le praticien dispose de tests de posture à pratiquer systématiquement.
Tous ces tests se retrouvent dans le ( Osteopathie Tome 9 – Cours 13 à 24 )       

INSUFFISANCE VERTÉBRO-BASILAIRE         

LA DÉFINITION DE L’IVB

Préambule

Elle mérite un développement à part car elle constitue un piège redoutable pour l’ostéopathe. C’est la cause la plus fréquente (encore que rare) des accidents dramatiques provoqués par des manipulations. Elle est d’autant plus trompeuse, que l’accident manipulant peut survenir chez un sujet qui ne présente aucun signe vasculaire.

IL FAUT DISTINGUER DEUX TYPES D’INSUFFISANCE VERTÉBRO-BASILAIRE

IVB thrombo-embolique

Son existence est admise par tous. Elle est analogue, du point de vue physiopathologique, aux accidents carotidiens. Il peut s’agir de thromboses affectant les gros troncs vertébro sous-claviers, parfois responsables de déficits neurologiques définitifs, ou d’emboles plaquettaires provenant du cou ou d’une plaque athéromateuse ulcérée, provoquant des accidents transitoires ou définitifs.

Selon l’artère atteinte, cela produira une hémianopsie latérale homonyme, un syndrome de Wallenberg ou des atteintes complexes du tronc cérébral, associant syndrome pyramidal uni ou bilatéral, troubles sensitifs, syndrome cérébelleux, paralysie périphérique d’un ou plusieurs nerfs crâniens et troubles de la vigilance plus ou moins marqués.

Une circulation collatérale efficace peut éviter ou limiter l’étendue de ces infarctus, mais les deux principaux systèmes anastomotiques sont souvent insuffisants : les communicantes postérieures (unissant systèmes carotidien et vertébro-basilaire) peuvent être non fonctionnelles et le tronc basilaire n’est parfois alimenté que par une seule artère vertébrale, la deuxième se terminant en artère cérébelleuse inférieure.

Ces infarctus de topographie postérieure constituent avec les tétraplégies par atteinte médullaire l’accident neurologique grave le plus typique mais tout à fait rarissime des manipulations cervicales. Le traitement se fait par l’héparinothérapie, après s’être assuré de l’absence d’hémorragie.

La pratique systématique de tests de postures, l’exécution de manœuvres douces et précises, leurs contre-indications chez les grands athéromateux en constituent la prévention la plus efficace.

IVB hémodynamique

Rancurel décrit un deuxième type d’insuffisance vertébro-basilaire. Elle s’individualise du fait de l’anatomie très particulière du système vertébro-basilaire : les artères vertébrales se comportent comme des artères périphériques, avec des à-coups systoles-diastoles et une pression diastolique basse. D’autre part, la partie basse du tronc basilaire est une zone hémodynamique fragile, car les pressions vertébro-basilaires et carotidiennes s’y équilibrent. De cette zone naît une artère paire et symétrique particulièrement vulnérable car, longue, grêle et alimentée à faiblepression : l’artère cérébelleuse moyenne, qui vascularise en particulier l’oreille interne.

Les manifestations cliniques de cette IVB hémodynamique vont survenir s’il existe une baisse de débit sanguin dans l’artère vertébrale due en général à une sténose athéromateuse vertébrale ou sous-clavière. Ses manifestations neurologiques sont brèves, toujours les mêmes chez un même malade et posturo-sensibles, ne survenant qu’en position debout car la pression diastolique est plus basse debout que couché à l’occasion d’une posture anormale de la tête (hyper extension, rotation). Lorsque ces postures sont imprimées passivement, donc avec une amplitude plus grande, comme c’est le cas lors des tests de positionnements à faire avant toute manipulation cervicale, des symptômes peuvent survenir même si le patient est couché.